Bali, un autre monde
Bali, un nom magique, synonyme de paradis, attire les voyageurs des quatre coins de la planète. L’île est le coeur et le joyau de l’archipel indonésien. Universelle par son aura culturelle, son sens de l’hospitalité, son sourire, Bali est petite par sa taille, 140 km de long sur 80 km de large, mais que de charme…
Beauté est le premier mot qui vient à l’esprit lors de sa découverte : des paysages somptueux et variés, volcans, rizières, lagons… Une architecture raffinée, mais surtout, un art de vivre “à la balinaise”. Une autre perception du monde. Voilà tout l’intérêt du voyage : la rencontre avec l’autre, le peuple de Bali.
Vu sa superficie, 5 600 km², l’île est très peuplée et compte plus de 4 millions d’habitants, dont 85 % d’hindouistes qui, contre vents et marées, perpétuent et respectent la tradition (Adat, la loi coutumière) et la religion hindoue balinaise Agama Hindu. Celle-ci démontre un grand syncrétisme mêlant animisme, culte des ancêtres, éléments bouddhistes, avec une dominante hindoue shivaïte. Les familles passent le flambeau de génération en génération.
Les rituels doivent être effectués pour maintenir l’harmonie et l’équilibre cosmique. Les offrandes sont prodiguées aux forces positives comme négatives, les temples sont des lieux de rendez-vous avec les dieux, les démons ou les ancêtres.
Les Balinais passent naturellement de la dimension matérielle à la dimension spirituelle. Il n’y a pas de frontière, ces mondes s’interpénètrent à l’infini.
Les pratiques quotidiennes commencent par des prières et des offrandes florales colorées. Chaque jour, une cérémonie, un Odalan (anniversaire de fondation d’un temple) une purification, une procession sur la place…
Le ritualisme floral est une caractéristique forte de Bali, elle brille de mille couleurs au regard de ses voisines.
Plaisir de l’œil sur les costumes traditionnels, la gestuelle gracieuse des hommes, des femmes et des enfants et, surtout, plaisir du cœur avec nombre de sourires donnés à la volée…
Bali réussit le tour de force d’allier la voie traditionnelle à la modernité. Elle nous montre sa grande capacité d’adaptation. Les portables, lunettes de soleil dernier cri accompagnant les différentes processions.
En observant le quotidien balinais, le côté artiste apparaît comme une évidence, une seconde nature. L’art est omniprésent, d’une richesse exceptionnelle en peinture, sculpture, et aussi bien dans les arts mineurs, tissage, vannerie, car beaucoup de Balinais sont doués d’une habileté hors du commun.
Les Balinais sont fiers de leur île et sont très conscients de sa beauté, de la richesse à y vivre et à la rendre plus belle encore. C’est ce qu’ils vous invitent à partager dans la bonne humeur et le sourire.
CEREMONIES
Les ceremonies ou upacara rythment la vie balinaise, tous les jours il se passe quelque chose, mais la vie privee d’un balinais Hindou comporte 5 rituels incountournable qui l’accompagnent de sa naissance a son depart.
Les rites de naissance et l’ otonan balinais.
Pour les balinais hindous, la naissance d’un enfant est la réincarnation d’ un ancêtre. Quand un bébé arrive sur terre, son âme est encore pure, proche du Divin. Il y aura donc des rituels avant, après sa naissance pour bien l’accueillir ici bas, pour remercier et le présenter aux Dieux et aux ancêtres, pour le protéger des mauvais esprits, de la magie noire…. et pour trouver l’équilibre entre le visible, Sekala, et l’ invisible, Niskala.
Au septième mois de sa grossesse, soit 210 jours, les parents préparent une petite cérémonie pour demander aux Dieux la protection et le bon développement du fœtus et de faciliter l ‘accouchement. Le bébé vient au monde avec 4 frères ou sœurs, les Kanda empat. ( placenta, sang, vernix, liquide amniotique) Le père va laver le placenta,
l’ envelopper dans un tissu blanc, le placer dans une noix de coco qui sera enterrée sur le côté droit de l’ entrée de la maison pour les garçons, et sur le côté gauche pour les filles. Le père conserve aussi le cordon ombilical qui sera déposé dans une petite boîte en or ou argent, dédiée à Kumara, le dieu des enfants, elle servira d’amulette à l’enfant et lui sera offerte pendant l’upacara ou rite des 3 mois.
Pendant les 42 jours suivant l’ accouchement, le femme et le bambin sont considérés comme impurs, il y aura une autre cérémonie pour inviter les esprits négatifs à partir ainsi que les souvenirs des différentes personnalités de ses vies antérieures. Pendant ce temps, la famille aura contacté un Balian médium pour savoir quel ancêtre est venu se réincarner et pour quelles raisons.
Par sa voix, les parents apprendront les demandes de l’esprit pour sa cérémonie des 3 mois où Tigabulanan. D ‘ici la, l’ enfant passera toujours de bras en bras et ne touchera pas le sol.
La cérémonie des 3 mois balinais
105 jours selon le calendrier Wuku, est une présentation au monde, on reconnait que le corps de l’enfant est parfait, que tous ses organes sont actifs et qu’il est en train de devenir un être humain et va pouvoir poser ses pieds sur le sol. Un prêtre va faire des offrandes au dieu du soleil, Surya, dans le temple familial, on remerciera le dieu suprême Sang Hyang Widhi pour sa protection.
L’officiant bénit l’enfant avec de l’eau sacrée, lui roule un œuf sur le torse pour lui donner de la force, on lui attache des bracelets en coton aux mains et aux chevilles, symboles de richesse et de longue vie, on lui offrira un stylo ou un livre pour le savoir, la connaissance, encore des bracelets en or ou argent…. parfois ce rituel se déroule sous une cloche de coq de combat. Puis le prêtre lui donnera un nom et ainsi il pourra entre dans les temples.
Au bout de 210 jours, on fête l’otonan ( 6 mois balinais) ou anniversaire du petit, on va lui raser la tête pour le purifier de la sortie de l’ utérus…
Sur un plan spirituel et symbolique, ce rituel est censé encourager l’enfant à devenir plus fort physiquement, à avoir une plus grande détermination et une foi inébranlable dans les Dieux de Bali. Lors de la cérémonie, on attaché un fil en coton autour du poignet droit car il est symbole de droiture, souplesse et détermination, qualités plus que nécessaires, pour affronter les épreuves de la vie.
Ce rite d’otonan renforce particulièrement les liens avec les Kanda empat, ces 4 frères ou sœurs qui nous accompagnent toute notre vie et dont il faut prendre soin… Sur un plan visible, ce passage marque l’entrée dans la communauté et sera célébré tous les 6 mois balinais comme un anniversaire spirituel… Tout en gardant le meme fil conducteur, ilexiste bien des variantes à ces cérémonies selon les villages ou les familles.
METATAH
Une histoire de dents : le Metatah.
La grande majorité des balinais pratique le Metatah ou limage de dents avant le mariage. On peut commencer de la faire pour les garçons lorsque leurs voix muent et pour les filles, quand elles ont leurs règles.
Le potong gigi ( couper les dents en indonésien) est une cérémonie très importante et d’un coût onéreux, aussi de nos jours, elle est souvent collective. Le jour de cet upacara, la famille, parée de ses plus beaux atours va accueillir ses invités dans une maison décorée et présentant de nombreuses offrandes. Les parents auront engagé des musiciens, un dalang et son théâtre d’ombre… Ils auront. aussi consulté un Balian pour protéger les participants de la magie noire. Tout est prêt pour la cérémonie. Normalement, le prêtre qui officie est appelle Sangging et il appartient à la caste des brahmanes, mais aujourd’hui beaucoup de Balians dirigent les rituels car la participation est moins élevée…. Le Sangging appelle chaque homme et femme par leur nom, récite un mantra et les bénit avec de l’eau sacrée, puis la personne s’allonge sur un lit de bambou, toujours entourée de ses proches et, le Sangging lui lime les dents, les 2 canines et les 4 incisives. Pour les balinais, elles symbolisent le côté bestial de l’être humain et ses principaux ennemis ou défauts : la luxure, la jalousie, la colère, la dépendance à l’alcool, aux drogues… L’avidité et la confusion.
Le prêtre va toucher les dents avec sa bague sacrée pour protéger de la magie noire car c ‘est un moment de faiblesse et les mauvais esprits ainsi que des personnes mal intentionnés peuvent profiter de cet instant. Le limage dure à peu près une quinzaine de minutes, puis le patient crache les résidus dans une noix de coco qui sera enterrée derrière l’hôtel des ancêtres. Enfin, on donne aux participants un mélange de sirih/betel qui represente les 6 saveurs traditionnelles balinaise : amère, sucrée, salée, acide, épicée et brûlée. Toute la famille et les proches se rassemblent pour prier et le rituel se termine par une purification.
Le Metatah, sur un plan symbolique, aide l’ être humain a se défaire du côté animal, de ses défauts pour devenir une meilleure personne qui controle ses ennemis, ses 6 émotions négatives. D’autre part, c’est un rite de beauté car sur un plan pratique, les balinais n’aiment pas les dents pointues qui ressemblent aux dents de chien (peur de mauvaise réincarnation) , ils préfèrent de loin les dents limees pour des questions d’esthétique et donc de séduction.
MARIAGE OU PAWIWAHAN
Le mariage est un rite de passage qui permet de trouver sa place au sein de la communauté familiale, religieuse et villageoise. C ‘est un rituel de purification et de légitimation pour créer un foyer et avoir des enfants. Le jour du mariage, les invités et la famille de la femme sont accueillis dans la demeure du fiancé, il y a des offrandes partout.
Un Pedanda, grand prêtre, va purifier les mariés qui sont parés de leurs plus beaux atours, puis le couplé va tourner 3 fois autour des autels situés à l’est de la maison. Les mariés portent des paniers avec des offrandes bien spécifiques pour le garçon et pour la fille, puis le mari, avec un kriss ou poignard balinais, transpercer à un tissu, symbole de la pureté et virginité de sa fiancée. Pour terminer le rituel, les mariés coupent un cordon placé sur un poulet offrande, ce qui confirme leur union. Puis le couplé va aller pour la première fois prier dans le temple familial du mari.
Quelques semaines plus tard, les mariés demanderont la bénédiction de la famille maternelle et la jeune femme quittera aussi la lignée de ses ancêtres pour vivre pleinement avec son mari.
CREMATION OU NGABEN
Dans l’hindouisme balinais, la crémation ou ngaben est considérée comme un rituel qui libéré l’âme ou atman du défunt. Selon le tradition hindoue, le corps est composé de 5 elements: terre, feu, eau, air, lumière, par la crémation, ces éléments retournent dans le cosmos et l’âme va prendre sa place chez les ancêtres.
Par la suite, elle se réincarnera dans sa famille d’origine. Il existe deux sortes de ngaben à Bali, l’une individuelle et l’autre collective. La première est onéreuse mais très prestigieuse pour le clan, elle est à la charge de la famille, la seconde est organisée par la communauté villageoise.
Les défunts sont enterrés un moment (parfois des années) afin que les familles réunissent les sommes nécessaires aux différentes cérémonies. La crémation est un devoir sacré pour tous les balinais, ils sont responsables de leurs défunts et pensent que tant que le ngaben n’a pas eu lieu, l’âme reste bloquée et cela peut attirer de graves ennuies sur la famille.
Les corps sont déposés dans des sarcophages de forme animale correspondant à leur caste comme le taureau pour les brahmanes, il est posé sur une tour en bambou que l’on fera tourner à chaque croisement afin que l’esprit ne retrouve pas le chemin de la maison. Il sera brûle accompagné d’offrandes et de prières. Les cendres sont déposées dans un linge blanc et jaune, elles seront dispersées au bord de la mer ou d’une rivière pour être purifiée par l’eau ce qui, enclencher à le processus de réincarnation.
MEMUKUR
Le Memukur est une des cérémonies qui suit la crémation, ce rituel signifie : escorter l ‘âme du défunt vers le ciel, le paradis.
Par ce rite, on appelle l’ âme pour la purifier et on l’accompagne avec des offrandes au temple de la famille, où elle rejoindra les ancêtres au ciel. La crémation nettoie le corps physique, le memukur purifie l ‘ âme et l’ escorte au paradis.
Le memukur est la partie la plus importante du rite de passage pour monter au ciel, c’ est aussi la cérémonie la plus coûteuse parmi les rituels multiples de la crémation à Bali.