Sulawesi ou Les Célèbes
Sulawesi, l’île en forme d’orchidée, selon les uns, ou en forme de pieuvre, selon les autres, s’étend sur 18 900 km². Elle arrive donc, de part sa grandeur, au 4e rang des îles indonésiennes, mais elle reste peu peuplée. Elle compte seulement 7 % de la population de l’archipel, soit 16 M d’habitants. Le nom de Sulawesi, l’île de fer, provient très certainement de la réputation de ce métal extrait des gisements locaux à forte teneur en nickel. Déjà au 14e siècle, les Javanais du royaume Mojopahit l’appréciaient fortement.


Son patronyme, les Célèbes, dérive de l’expression Ponto Dos Celebres qui vient des Portugais, et caractérisait les peuples marins Bugis et Makassar. Ces derniers régnaient en maîtres sur la péninsule méridionale, territoire de pêche, de commerce et de piraterie. Au XVIIe siècle, les Hollandais réussirent, avec l’aide d’un prince local, à assujettir le sud de Sulawesi pour la compagnie néerlandaise des Indes orientales. Au début du XXe siècle, l’île entière passera sous leur contrôle. Les Célèbes rejoindront la république d’Indonésie en 1949, après avoir lutté contre les occupants japonais et mené une guerre d’indépendance contre les Néerlandais.
Sulawesi abrite cinq groupes ethniques différents : les peuples Gorontalo et Minahasa vivent au nord ; les Bugis, Makassars et Torajas occupent la partie sud. La majorité des habitants sont de confession musulmane ou chrétienne, mais les croyants des deux religions y intègrent facilement des pratiques animistes. Depuis la chute du président Suharto en 1998, les tensions entre les deux communautés se sont envenimées, principalement dans le centre. La paix est revenue depuis 2006, et le tourisme reprend ses droits, spécialement dans le pays Toraja ainsi qu’au nord de l’île, dans le pays Minahasa, qui préserve des fonds marins exceptionnels, parmi les plus somptueux de l’archipel, sinon de la planète. Ces deux destinations restent les atouts majeurs de Sulawesi par leur côté spectaculaire et leur facilité d’accès.
Le Pays Toraja
Situé dans les montagnes du sud Sulawesi, à 330 km de la capitale Makassar (Ujung Pandang), Tator, le pays Toraja compte environ 400 000 habitants et on estime à 250 000 la population expatriée dans l’archipel indonésien. Officiellement, la majorité des Torajas sont chrétiens (85 %), mais beaucoup d’entre eux continuent à pratiquer l’Aluk To Dolo ou chemin des ancêtres. Le Tanah (terre) toraja est parsemé de villages traditionnels d’une rare beauté. Les maisons familiales nommées Tongkonan se dressent face aux greniers à riz, leurs toits incurvés se détachant dans le ciel avec élégance… La nature est tout simplement merveilleuse dans cette enclave entourée de montagnes à la population très hospitalière.




Parmi toutes les cérémonies qui jalonnent la vie d’un Toraja, les funérailles restent essentielles car, selon les croyances ancestrales, la vie sur terre ne dure qu’un instant et, à l’heure du trépas, il faut, selon des rites funéraires appropriés, aider l’âme du défunt à passer de l’autre côté. Sans les rites et les sacrifices d’animaux, le mort peut apporter le malheur sur la famille. Il est bien entendu que, plus le rang social est élevé, plus importants seront les sacrifices, ceci pouvant aller d’un buffle à plusieurs dizaines, voir centaines lorsqu’il s’agit d’une famille royale. Le “must” étant la mise à mort d’un buffle albinos, rare et coûteux !
Il est toujours très impressionnant de voir des dizaines de familles vêtues de noir descendre des collines pour assister à une cérémonie et venir offrir des cadeaux (tabac, café, sucre, tuak…) à la famille et des animaux (coqs, porcs, buffles) en l’honneur du défunt. Tous les présents seront comptabilisés et, lors de prochaines funérailles, chaque famille peut compter sur un retour. Les rituels peuvent se prolonger une semaine avec sensiblement le même schéma : les combats de buffles, les chants et les danses, les présents et le sacrifice des animaux.






Le soir venu, la danse de cérémonie du cycle du couchant, le Ma’ badong, débute. C’est une ronde funéraire chantée, un long poème dansé où les hommes, main dans la main, tournent lentement, inexorablement… C’est une partie des rites de purification qui rythme la vie toraja. Il y a aussi des chants prophylactiques et guérisseurs qui écartent les maladies des hommes, des animaux, des maisons, des objets…
A la fin de la cérémonie, le défunt dans son cercueil est emmené à sa dernière demeure, soit dans un caveau creusé dans une falaise ou dans un bloc de granit, soit à l’intérieur de grottes. Au long des falaises, derrière des balcons en pierre, des TauTau, sculptures en bois à l’effigie du mort, gardent les caveaux. Lors de la mort d’enfants, les Torajas confient leur corps aux arbres, une mini tombe est creusée à l’intérieur du tronc et leur permet de grandir en même temps pour atteindre le ciel.


Les Tongkonans appartiennent aux castes nobles, elles sont interdites à la vente et restent le bien de la famille. La maison traditionnelle représente soit un bateau (allusion aux origines ethniques du Vietnam des Torajas), soit des cornes de buffles que nous retrouvons sur le mat principal, symbole de pouvoir et de richesse. Les maisons sont magnifiquement sculptées et peintes de motifs claniques et protecteurs.




Rante Pao est le point de départ idéal pour la découverte de la région. Tous les six jours, les paysans viennent au marché de Bolu pour exposer leur production, vendre ou acheter des buffles… Outre les villages, les plantations de café et d’épices, la nature invite à la balade tranquille à travers les rizières, les bambouseraies géantes, le long de la rivière Saadan ou tout simplement prendre un verre à Batutumonga pour admirer la vallée, panorama exceptionnel !


Batutumonga s’élève à 1 300 mètres d’altitude et domine la vallée (600 m) et ses rizières joliment étagées, ses bouquets de bambou, la rivière Saadan et les nombreux villages traditionnels au toit de bambou ou de tôle, les lieux sacrés des menhirs comme Bori. Ces monolithes en granit sont élevés en hommage aux ancêtres. Il y en a de toutes tailles, et racontent l’histoire d’un clan, l’épopée d’une famille…


En parcourant cette merveilleuse vallée, vous découvrirez les sites splendides et très intéressants de Londa, Tampangalo, des grottes naturelles qui conservent des sarcophages anciens et des Tau Tau, des villages bien conservés comme Palawa ou Kete Kesu, classé au patrimoine mondial en 2013, les falaises mortuaires de Lokamata ou Lemo, où les caveaux sont toujours creusés à la main pendant minimum six mois. Tous ces sites ont été choisis avec soin par les Torajas, car la beauté naturelle des lieux est toujours là.
Et puis, surtout, le voyageur aime et apprécie la gentillesse de ces highlanders, toraja signifiant : homme des hautes plaines, plateaux, ainsi que la grande beauté de la vallée, de ses forêts et collines où il fait bon vivre.


Bira en sud Sulawesi
La côte sud des Célèbes tire principalement ses ressources de la pêche, de la culture des algues, de la récolte du sel ou de la construction navale, comme à Tanah Beru.






Les charpentiers bugis utilisent toujours des techniques ancestrales qui se transmettent de père en fils. Ils travaillent de mémoire et sans plan. Leur bateau, le pinisi, est une sorte de goélette/cargo et peut atteindre 30 à 40 mètres de long et près de 200 tonnes. Pour ces grands cargos, la construction fournira du travail à sept personnes et durera environ sept mois.




Bira, village tranquille, est une petite station balnéaire, située à l’extrême sud-est. Elle offre de superbes plages de sable blanc, des fonds marins paradisiaques, et des îles magnifiques. Pour l’instant, Bira propose une gamme d’hôtels majoritairement dans le style guesthouse et retient l’attention de la clientèle locale de Makassar. Elle n’attend que vous, car c’est une pose idéale après l’exploration du pays toraja.
Le pays Minahasa
L’intérêt majeur de la région a pour nom Bunaken. C’est une île de 800 ha, entourée d’eaux profondes. Les courants y sont forts et riches de nourriture pour la faune marine, les poissons et coraux y pullulent. Bunaken est un des plus beaux sites de plongée au monde ! Et même si vous n’êtes pas plongeur, rien qu’avec un masque, on en prend plein les yeux dans ce jardin corallien, c’est magique !
Non loin de Manado, la petite ville de Tomohon s’est installée au pied du volcan Lokon et propose des excursions au lac de cratère ou au sommet du volcan. Le parc de Tangkoko Batuangas Dua Saudara abrite, entre autres, des tarsiers, un primate minuscule aux yeux globuleux qui ne vit que dans certaines forêts des Philippines ou d’Indonésie.
Les Togians
Ce petit archipel est également un paradis pour la plongée et la farniente, avec ses belles plages de sable blanc. Pour le moment, son accès reste compliqué. Le plus rapide est l’avion de Manado à Luwuk, puis six heures de route jusqu’à Ampana et une nuit sur place pour prendre un ferry et rejoindre les Togians. Une fois sur place dans une petite pension confortable, c’est le bonheur assuré !