Ile de Sumatra

L’île est, de par sa taille, la 6e plus grande île du monde. Elle s’étend sur 1 800 km avec une superficie de 475 000 km². La chaîne des Bukit Barisan longe la plupart du littoral Ouest et se heurte aux hauts plateaux du lac Toba. La côte Est possède de belles plaines et des régions marécageuses.

Sumatra est située sur la ceinture de feu. Elle est donc sujette à d’importants séismes, le plus important étant celui de 2004.

Sumatra compte environ 50 millions d’habitants avec une cinquantaine de langues parlées. La majorité de la population est musulmane, cela allant de la charia a Aceh au Nord, à l’islam de la société matrilinéaire des Minangkabau. Les Bataks et les Nias sont principalement protestants et les Mentawai pratiquent l’animisme…

Il reste encore environ 2,5 millions d’hectares de forêts sur l’île. La flore et la faune sont exceptionnelles, on y trouve plus de 200 espèces de mammifères et 580 espèces d’oiseaux. Dans les dernières décades, les plantations d’hévéas et de palmiers à huile grignotent la superficie forestière et certaines espèces d’animaux sont menacées…

Outre le caoutchouc et les palmiers à huile, les plantations de café, cacao, thé et un peu de tabac, les ressources naturelles importantes sont le gaz et le pétrole.

A la rencontre des ourangs-outans

Bukit Lawang est une petite ville située à 96 km de Médan. Elle est une des bases de départ pour les treks dans la jungle du parc national de Gunung Leuser, classé au patrimoine mondial de l’ Unesco.

Cette forêt primaire abrite une flore et une faune exceptionnelle, dont la Rafflésia, l’Arum Titan, des plantes carnivores. On y trouve aussi 580 espèces d’oiseaux et 200 espèces de mammifères, dont le rhinocéros bicorne, le tigre de Sumatra, le tapir de Malaisie, des pangolins, des éléphants, et huit espèces de primates dont le fameux orang-outan !

Ce grand singe ne vit plus qu’à Kalimantan et Sumatra. Son habitat naturel disparaît inexorablement à cause de l’agriculture, de l’exploitation forestière et de la culture intensive du palmier à huile.

Ce grand primate est principalement végétarien. Il se nourrit de feuilles, noix, fruits, écorces, et, à l’occasion, d’insectes et d’œufs. Il est peu sociable, donc assez solitaire et vit jusque 30 ou 40 ans. Une femelle peut avoir trois petits dans sa vie. Elle les élève jusqu’à l’âge adulte.

Aujourd’hui, le centre qui s’occupait des orangs-outans est fermé et les animaux sont en liberté dans le parc, où on peut les découvrir lors de treks allant d’une demi journée à trois jours. C’est toujours très émouvant de croiser au détour d’un sentier une mère et son petit ou un grand mâle qui vous regarde avec bonhommie. Ce grand singe roux est bien expressif, pas farouche et c’est franchement extraordinaire, un moment d’émotion !

On peut aussi voir des gibbons et des singes Thomas Leaf, très élégants dans leur costume noir et gris, avec leur crête noire sur la tête. Une belle balade dans la jungle et des rencontres inoubliables !

Lac Toba

Le lac Toba est le plus grand lac de cratère du monde. Il s’étend sur une centaine de kilomètres de long et sur une trentaine de large. Sa profondeur maximale est de 550 mètres.

Le lac s’est formé à la suite de l’explosion d’un super volcan il y a 74 000 ans. Avec le temps, la caldeira s’est remplie d’eau et a donné naissance au lac. Au cours du processus, le fond s’est soulevé et a créé l’île de Samosir.

Le Toba est situé a 300 km de l’Équateur. Son altitude étant de 905 m, il bénéficie d’un climat agréable et plus frais que la moyenne générale de Sumatra.

Les Bataks

Les Bataks sont les descendants de tribus birmanes et nord thaïlandaises. Ils s’installèrent autour du lac Toba à l’époque néolithique. Le lac étant protégé par des montagnes, les Bataks sont restés longtemps à l’écart du monde et ont donc conservé une culture indigène originale.

Les guerriers Bataks étaient réputés pour leur caractère belliqueux. Ils étaient connus pour la chasse aux têtes et leurs actes de cannibalisme. Ces pratiques concernaient soit l’ennemi afin de s’approprier son courage, soit un congénère qui n’avait pas respecter l’Adat -ou droit coutumier. L’Adat englobe l’ordre et l’harmonie divine et cosmique auxquelles doivent correspondre sur terre une vie et des actions conformes à cet état. Les autochtones bafouant ces lois traditionnelles étaient jugés, décapités et leurs chairs étaient mangées sur le lieu du supplice.

Avant les religions monothéistes, les Bataks étaient animistes et pratiquaient le culte aux ancêtres. Ils se représentaient le cosmos en trois parties : un monde supérieur habité par un Dieu suprême, ses trois fils, ses trois filles et les esprits des ancêtres. Le monde moyen des humains étant soutenu par un dragon cracheur de feu, venu du monde souterrain.

Cette division ternaire se retrouve dans bien des secteurs de la société Batak et confirme le chiffre 3 comme très important.

Pour correspondre avec les esprits ou les ancêtres, le peuple a besoin d’intermédiaires que l’on appelle Datu ou Guru. Ces shamans étaient formés dès leur plus jeune âge par un maître magicien.

La maison commune Batak est de forme rectangulaire et repose sur de grands pilotis, posés sur des pierres plates. La structure complète ne comportait aucun clou et était entièrement construite à l’aide de cordes et de chevilles de bois. Elle est structurée sur trois étages, se référant à l’ordre cosmique tripartite du monde. Le toit en forme de cornes de buffle symbolise le courage, la puissance et la force divine.

Sur les façades des maisons nobles et leurs greniers à riz, il y a beaucoup de gravures peintes. Ce sont en général des peintures prophylactiques. On y découvre le motif du Singa, un animal fantastique, mélange de buffle, d’éléphant et de dragon. Le Singa évoque le serpent cosmique du monde inférieur et est aussi la symbolique du pouvoir des chefs et des datus. Le Singa protège du mauvais œil, du diable et de la magie. Le motif de lézard, représentant la déesse mère et sculpté sur les linteaux, protège les habitants et apporte la fertilité.

Les couleurs utilisées sont naturelles. Le rouge provient de l’argile, le blanc de la craie et le noir du charbon. Elles représentent les trois sphères du cosmos. Les maisons traditionnelles -ou Adat- pouvaient loger de huit à douze familles. Elles restent le point d’ancrage de la lignée lors des grandes cérémonies comme le mariage ou les funérailles.

Les Bataks comptent six clans principaux. Lors d’un voyage à Sumatra nord, on a l’occasion de rencontrer trois de ces familles claniques, dont les Batak Karo qui vivent principalement dans la région de Brastagi, une petite ville perchée à 1 400 m d’altitude. L’air y est plus frais et les paysages changent. Au départ de Bukit Lawang, les principales cultures sont des plantations d’hévéas, de palmiers à huile et des rizières. En haut, c’est un panorama de cultures maraîchères et fruitières.

Le marché de Brastagi est bien achalandé. On y trouve toutes sortes de fruits et légumes, des melons pépino, des mangues, des salaks, des fruits dragon… La région est riche et fertile. Elle exporte sa production sur Sumatra et jusqu’à Singapour.

Le marché aux fleurs est superbe et tenu par les femmes. Beaucoup d’entre elles, jeunes ou âgées, mâchent du tabac et du bétel -ou sirih. Le contact est facile, les gents sourient, plaisantent et c’est bien agréable ! Nous sommes loin des chasseurs de têtes du passé…

Au bord de la route, les warungs -ou restaurants locaux- affichent des pancartes B1 et B2. Ainsi, nous savons que le premier est un restaurant de chien et le second un restaurant de porc, ce qui évite des incompréhensions.

Panorama fabuleux avec les deux volcans en arrière plan. Le Sinabung s’est remit à fumer et cracher. Le Sibayak est calme et on peut y grimper. La soirée est fraîche et cela fait du bien.

Le village Batak Karo de Dokan possède encore quelques maisons traditionnelles, dispersées dans un océan de rumah seng -ou maison à toit de tôle. Elles sont belles avec leur toit de chaume noir, coiffées de têtes de buffle. Mais il n’y a guère d’ouvertures, il fait donc sombre à l’intérieur. On peut voir quatre foyers à l’intérieur et des cloisons en tissus, ceci impliquant de facto une vie communautaire qui disparaît doucement de nos jours.

Sur la route pour rejoindre le lac Toba se dresse le palais de Pematang Purba, ancienne résidence des rois Simalungun. Ils gouvernèrent le clan des Simalungun du XVe siècle jusqu’en 1947, année de l’indépendance. Le palais a été pris en charge par la région et est devenu un site touristique.

Cette demeure est une longhouse et logeait le roi et ses épouses. La première pièce comporte deux foyers et une chambrette pour le roi et sa partenaire. Il est dit qu’à l’époque, l’intendant donnait du bétel à l’une des épouses, et celle-ci se savait choisie par le roi pour la nuit. Le reste de la maison hébergeait ses autres femmes et enfants.

Panorama sur les cascades de Sipiso piso et sur le Danau Toba. Il merveilleux de voir ces monts qui descendent dans le lac… C’est beau tout simplement !

Pour passer sur l’île de Samosir, il faut compter 30 min de ferry. L’île s’allonge sur 44 km et 20 de large. Samosir est considérée comme le berceau des ancêtres Batak Toba. On y trouve les plus beaux villages Adat. Ils sont les plus réputés et légitimés par leurs ascendants.

Samosir est une enclave chrétienne où fleurissent les tombeaux et les églises très colorés. La tradition et la religion influent encore beaucoup sur la manière de vivre. Le mariage est toujours considéré comme sacré. La future épouse doit être vierge pour se marier.

De nos jours, la grande majorité des Bataks choisit leur conjoint et le mariage dure toute la vie. S’il y a problème, les familles se réunissent pour trouver une solution. Parfois, il arrive que des couples vivent sous le même toit, mais dans des chambres séparées. Ainsi, l’avenir des enfants est préservé et l’image de la famille également.

Lors d’un mariage, les invités offrent des enveloppes d’argent pour aider le couple à démarrer dans la vie. La femme rejoint la famille de son mari.

Toutes les femmes Batak Toba savent tisser des Ulos, car les hommes comme les femmes portent ces tissus lors des cérémonies. D’autre part, le prix de ces étoffes est un revenu non négligeable.

Samosir est un grand jardin paisible avec aussi des rizières. Les maisons Adat sont superbes. Plus elles sont décorées, peintes, sculptées et grandes, plus la famille est riche et, pour les monuments funéraires, c’est pareil !

La cour de justice et la table d’exécution dans le village d’Ambarita sont très bien conservées. Ce mélange de maisons traditionnelles en bois, de statuaires de pierre et le banian centenaire est tout simplement savoureux.

Le tombeau du roi Sidabutar à Tomok est impressionnant. On remarquera que les sépultures animistes reçoivent toujours des offrandes et qu’elles sont parées des trois couleurs animistes.

Le lac Toba et l’île de Samosir respirent la beauté et la sérénité, de bons moments, de beaux endroits…

L’île de Nias

Nias s’étend sur 130 km de long et 45 de large. Elle est célèbre, d’une part pour ses villages fortifiés et monuments mégalithiques et, d’autre part, pour ses breaks de surf spectaculaires.

C’est le sud de l’île qui compte le plus de villages traditionnels équipés de murs de saut. Ces murets de pierre, hauts de plus d’1,80 m, faisaient partie de la préparation des jeunes guerriers au combat. Ils devaient, lors de batailles, franchir les palissades de bambou et de bois qui protégeaient les villages ennemis.

L’île de Nias, Tano Niha, la terre des hommes, est très peuplée de nos jours. La population étant estimée à plus de 800 000 habitants. Les autochtones continuent à employer le niha, langue indigène d’origine malayo polynésienne, l’indonésien étant utilisé par les autres composantes, soient les Malais, les Bataks, Chinois et Minang, établies sur Nias.

Selon les légendes, les Niha de Nias sont les enfants de six divinités. D’après les anthropologues, ils seraient les descendants de vagues d’immigration de différents peuples comme les Dayaks, les Nagas de l’assam, les aborigènes de Taïwan, les Toraja…

Leur religion combinait le culte des ancêtres, l’animisme et des influences hindouistes. De nos jours, le christianisme et l’islam dominent, mais certaines croyances ancestrales demeurent.

Le droit coutumier -ou Adat- régissait pratiquement tous les aspects de la vie quotidienne et ses rites de passage. Jadis, la société traditionnelle était constituée de trois strates ou castes : les aristocrates, les roturiers et les esclaves.

La position des nobles résulte de leur ascendance et de leur richesse. Leur couleur emblématique est le jaune d’or, celle du dieu Lowalami, symbole du monde supérieur, de la lumière, du soleil et de la vie. Le rouge, la couleur du dieu Lature Dano, est associée au peuple, au monde inférieur, aux ténèbres, à la lune, au serpent et à la mort. Les esclaves ne font pas partie du mythe d’origine, donc ils n’ont pas d’existence sociale, ni de sépulture.

Au sommet de la hiérarchie sociale, un chef unique avec un conseil d’anciens gèrent plusieurs villages de même source. La richesse des chefs se mesuraient notamment au nombre de cochons qu’ils possédaient, ainsi qu’au nombre de têtes coupées qu’ils détenaient.

L’une des grandes caractéristiques de cette société est le système de grades ou acquisition de mérites. Il permet aux nobles et gens du commun de s’élever dans la vie sociale en organisant une fête de mérite, Owasa. Ces fêtes coûtent des fortunes, leur prestige et importance dépendent du nombre de cochons sacrifiés et offerts aux villageois. Certains grades demandent la fabrication de bijoux en or, le sacrifice d’un esclave, la chasse de têtes humaines ou l’érection d’un mégalithe. Toute construction de maison de chef ou de village nécessite l’acquisition de têtes humaines.

Le mégalithisme de Nias est spectaculaire et divers. La plupart des pierres sont sculptées. Elle se trouvent devant les maisons et témoignent du prestige des occupants. Ces mégalithes expriment un pouvoir politique basé sur un système de lignage héréditaire et de mérites.

Les villages du sud de l’île sont en général de grande dimension et situés au sommet des collines. On y accède par des chemins dallés et de grands escaliers de pierre. Les maisons, en forme de navire, sont construites en bois de teck, avec assemblage de tenon et mortaise et de chevilles en bois. Elles sont perchées sur des pilotis et possèdent des toits de chaume très pentus.

Autrefois, les villages possédaient une palissade de bambou et un mur d’enceinte. Les escaliers sont décorés de bas reliefs d’animaux, de singes, crocodiles, lézards et de motifs végétaux. Sur la place, se trouve le trône en pierre du chef, les pierres sacrificielles, des mégalithes et les fameuses pyramides de saut.

Depuis la christianisation de l’île, on a cessé l’érection de mégalithes. Il n’y a plus de sacrifices humains et de chasse aux têtes. On se souvient toutefois que dans les année 1970, un Ere, ou shaman, de l’île courait après des surfeurs pour leur couper la tête !

Aujourd’hui, nous sommes loin du passé guerrier de l’île et la grande majorité des habitants sont des agriculteurs ou des pêcheurs. Le temps des chasseurs de têtes est révolu et l’île progresse doucement vers la modernité. Par contre, Nias conserve des villages traditionnels stupéfiants et des statues en pierre fantastiques, des menhirs, des pyramides de saut… C’est tout simplement exceptionnel !

Au niveau découverte, cette île, c’est un peu l’aventure. Il n’y a pas d’hôtels étoilés, donc le confort est simple, la restauration est locale, les poissons grillés sont délicieux… Et la culture de ces mégalithes et de ces villages est unique, fascinante.

Gomo est considéré comme le berceau des Nias, au haut d’une colline. Il y a des hameaux avec des enclos familiaux traditionnels. Pour y parvenir, soit on marche 1h30 ou on monte à l’arrière d’une moto pilotée par un autochtone et, après 20 min de montée bien abrupte, on accède à ce trésor de mégalithes, avec des tables de pierre à tête tricéphale, des statues d’animaux stylisés devant une maison adat, où la famille vaque à ses occupations… Un autre monde.

Dans le sud, on trouve les plus grands villages, dont Bowomatuluo, C’est un choc. Une grande surprise. Car après avoir grimpé de nombreuses marches, on découvre un village qui s’étend sur une très longue rue et abrite environ 6 000 habitants. Les maisons se font face et, devant, il y a les symboles de prestige en pierre, des menhirs, des trônes, des bancs, et, bien sûr, le muret de saut. On reconnaît tout de suite la maison du roi, car c’est la plus grande et la plus décorée.

On trouve aussi des têtes d’animaux stylisés comme le tigre pour la classe noble et le cerf pour le peuple. On les verra souvent dans les villages et sur les tombeaux, ainsi que sur les gardes de parang -ou poignards. Ils indiquent le statut social de la personne ou du défunt. Les villages les mieux conservés sont Hilsimaetano, Onohondro, Botohili, Orahili…

Nias possédait un break de surf classé mondialement après Hawaï, mais depuis le tsunami de 2005, les fonds marins ayant été beaucoup secoués, la vague n’a plus la même intensité et ne convient plus aux surfeurs professionnels. Toutefois, Sorake continue à attirer de bons surfeurs et la baie de Lagundri est très agréable.

En remontant vers le nord pour prendre l’avion ou le bateau pour Sumatra, on peut découvrir le village conservatoire de Dumori. Il préserve une quinzaine de maisons traditionnelles et l’entretien est effectué par la province. L’architecture est très différente du sud. Les maisons très ventrues sont posées sur des pilotis droits et non croisés, et toutes les maisons sont colorées et bien restaurées.

Nias est un endroit très spécial avec une culture spécifique et fascinante.

Les Minangkabau

Les Minangkabau vivent sur les hauts plateaux de Sumatra ouest, les îles Riau, ainsi qu’en Malaisie. On estime qu’un peu plus de 8 millions d’entre eux résident en Indonésie.

D’après la légende, le nom de buffle victorieux se réfère à un combat entre leur groupe ethnique et un prince Mojopahit. Pour éviter une bataille, il fut décidé d’opposer deux buffles. Les Minang rusèrent en amenant un jeune buffle affamé, aux cornes bien acérées. Ils le lâchèrent contre le buffle adulte. Le petit se précipita pour téter du lait et encorna le gros mâle, qui mourut sur le champ, accordant la victoire aux Minang.

D’après certains érudits, leur nom viendrait tout simplement de Mana Kaba : ma terre, ma patrie.

L’islam est pratiqué par tout le peuple Minang. Dès 5 heures du matin, le muezzin appelle à la prière. Tous les autochtones sont de pieux musulmans depuis le XIIIe siècle et vivent dans une société matrilinéaire. Les femmes possèdent la terre, la maison, les bijoux, les titres, tous les biens acquis avant le mariage. Lorsqu’un homme se marie, il part s’installer dans la maison de sa belle famille. Il ne possède aucun droit sur le foyer conjugal et peut en être renvoyé. L’oncle maternel, mamak, garde toujours un œil sur ses neveux et nièces.

Dans cette société clanique, le statut de Datuk -ou chef de clan- est tenu par un homme. Ainsi, il s’occupe des différents problèmes ou conflits entre les membres du clan. Les enfants portent le nom de clan de leur mère et lorsqu’il y a divorce, ils restent avec elle.

Les liens dans la famille Minang sont très subtils. Pour en résumer le principe, on peut dire que les honneurs reviennent à l’homme (charges politiques, honorifiques…) et l’argent et les biens sont pour la femme.

La société Minang permet aux siens de partir pour apprendre et s’enrichir. De par ce fait, elle possède une diaspora très importante sur laquelle elle peut compter.

La Rumah Gadang -ou grande maison- sont des maisons traditionnelles Minang. Elles ont une structure de toit incurvé en forme de cornes de buffle. Elles pointent vers le ciel avec des pignons à différents niveaux. Les maisons riches sont décorées de sculptures florales et géométrique colorées. Elles servent de résidence pour les cérémonies et réunions familiales mais aussi de nos jours. Elles peuvent être louées.

Les grandes maisons Gadang pouvaient abriter trois à quatre générations. Les pilotis traversent le plancher pour soutenir le toit et créent ainsi des espaces, délimités par des rideaux, pour chaque famille.

Aujourd’hui, toutes les demeures bien entretenues, comme le palais de Pagaruyung, fonctionnent avec des aides de l’État ou de la province. Les demeures de Belimbing sont en mauvais état et certaines presque en ruine car beaucoup de familles préfèrent habiter dans des maisons modernes avec le maximum de confort qu’elles peuvent s’offrir : l’électricité, télévision, une salle de bain avec des toilettes à l’intérieur… Les clans qui possèdent ces maisons les laissent partir en ruine car une loi clanique interdit la destruction de ces demeures. Le temps fait son ouvrage.

Les Minang veulent avancer dans une société moderne et pensent que les maisons ne sont plus adaptées. Elles font maintenant parties de leur passé.

Aux alentours de Bukittinggi, une ville de 100 000 habitants, perchée à 920 m d’altitude, les paysages sont variés avec des lacs où l’on pratique la pisciculture, des volcans et des rizières, des champs de canne à sucre…

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